Ordonné en 1980, j’ai eu la chance de vivre en équipe pendant 28 ans. Il y a quelques mois cette situation est devenue caduque. Etre en équipe c’est génial, pouvoir partager les temps-torts d’une journée, les soucis, les joies et les peines, s’encourager, se donner confiance, prier ensemble, prendre des temps de loisirs, le tout dans une grande complicité…
Depuis quelques temps et cela pour la première fois de ma vie, je rencontre des moments de solitude non choisis. Pas évident ! Tiens ce soir, rien de prévu sur l’agenda… je peux aller rendre visite à Sébastien et Odile : « Ah ! non, ils ne sont peut-être pas chez eux, ils reçoivent sans-doute des amis, je vais les déranger, Ah si je leur avais téléphoné, ne serait-ce qu’hier, ils auraient sans-doute été très heureux de me recevoir… ». Alors je consulte le programme des cinémas, de la télé… rien de formidable… la tentation, c’est le repli, pourquoi ne pas aller au lit, là il n’y aura pas de place pour le spleen ! Prier à plusieurs c’est facile ; seul, il faut parfois se prendre à deux mains…
Cette solitude nouvelle, aucun membre de la hiérarchie ne s’en inquiète, ça fait partie du « package »…
Ces derniers temps je prends conscience aussi de ce que peut être le veuvage : le monde bascule, plus rien n’est comme avant, il y a la peur de déranger les autres, inviter un couple c’est agréable ; une personne seule, ce n’est pas évident, et puis elle risque de parler de ses peines, ça va casser l’ambiance….
Ma solitude non choisie, non désirée, d’autres la vivent aussi, cela donne sens à mon célibat. Seigneur avec le pain et le vin qui deviendront aujourd’hui ton Corps et ton Sang offerts pour la multitude, je remets entre tes mains tous ces moments où l’absence devient blues, habite-les de ta présence !
Cher Bruno
Tout comme tes autres lecteurs, j’ai été touché par ton message. La phrase « je peux aller rendre visite à … » « Ah ! non, ils ne sont peut-être pas chez eux, ils reçoivent sans-doute des amis, je vais les déranger, » m’a rappelé une de mes lectures de cet été : Vatican 2035. Un roman audacieux qui m’a fait beaucoup réfléchir sur l’avenir de notre église. Je te le conseille pour ces soirées de solitude ;-)
Mais si je parle de ce roman, c’est qu’à un moment un prêtre a profité de ses visites improvisées à deux ou trois couples pour prendre un peu de recul sur sa mission. Il en a profité pour observer la vie ces familles, de ces couples pour donner un nouvel élan à son sacerdoce. D’un point de vue extérieur, c’est peut être un cadeau que Dieu te fait pour te réorienter vers un nouveau chemin qui te mènera à lui. Maintenant, au quotidien, la chemin peut sembler difficile mais pas après pas, la difficulté diminue.
Amitiés
Antoine
Rédigé par : Antoine | 15 septembre 2009 à 10:28
Bonjour Bruno,
Un ami m'a invitée à lire ton blog..je le fais depuis quelques jours.. aujourd'hui, ton message me donne plus qu'hier l'envie de te donner un signe amical.. qui suis je ? l'équipe d'animation du doyenné Hénin Carvin, t'en souviens tu ?tu l'animais en qualité de vicaire épiscopal....je conserve au fond de moi de bons souvenirs (toujours agréables à revivre quand on se sent seul !!!). j'ai quitté les mines pour la côte d'opale voici 3 ans ( mutation professionnelle de mon mari). ce fut dur, très dur..nous étions dans le pas de calais, à une centaine de kilomètres de Hénin..mais comme je me sentais seule et tout à reconstruire...surtout à un tournant de ma vie: Un mari hyper booké.., 50 ans, emploi zéro, enfants adultes justes envolés du nid, famille dans le bassin minier, amis d'enfance et relations amicales en "stand by"..
Par bonheur, la prière m'a habitée au long de mes longues promenades solitaires dans une nature préservée..
l'abbé Luc me disait souvent: "n'oublie pas de rendre grâce" ...je remerciais le Seigneur..et le chemin s'est ouvert...je donne de mon temps à la maison diocésaine de Condette , dans les associations boulonnaises, j'ai de nouvelles relations amicales..je suis heureuse et ce message d'espir, Bruno, je te l'envoie pour ton petit coup de blues...et surtout j'espère te revoir bientôt.
Au fait, j'habite Hardelot..Aire sur la lys n'est pas si loin...
En toute amitié fraternelle
merci Bruno
Béatrice
Rédigé par : Béatrice Coche | 15 septembre 2009 à 09:51
Cher Bruno,
Nous venons de lire ton billet intitulé "Solitude" sur ton blog et nous voulons te répondre tout de suite, toutes affaires cessantes, pour te dire d'abord que ta franchise nous touche, et surtout à la fin, quand tu donnes sens à cette solitude.
Les questions que tu évoques ("...ils ont peut-être des invités,etc....") sont effectivement celles que se pose une personne seule qui ne veut pas déranger. Mais c'est justement parce que tu mets de la qualité dans tes relations avec les autres que tu ressens leur absence avec plus d'acuité. En fait, la solitude, c'est un peu comme le revers de la médaille, ou l'envers du décor, un peu comme au théâtre. Il y a toujours un moment où la pièce se termine, les comédiens saluent, les spectateurs s'en vont, les lumières s'éteignent. Ces moments sont inévitables, même en famille, mais ils font aussi partie de la vie.
Bien sûr, toi, tu as cette proximité avec Jésus-Christ et c'est une vraie richesse, inépuisable.
Mais en te lisant, nous avons eu envie de te proposer quelque chose pour les jours (ou les soirs) où le sentiment de solitude te pèse particulièrement : voilà, nous voudrions que tu acceptes l'idée d'arriver chez nous à l'improviste, au débotté, tu sais, comme Mary Poppins qui arrive avec le vent d'Est, sans prévenir et qui amène tant de choses avec elle. C'est certainement très difficile à faire mais cette idée nous plaît et tu seras toujours le bienvenu. De toute façon, une chose est sûre : la solitude n'est pas toujours bonne fille mais elle est soluble dans l'amitié.. On parie ??
Nous t'embrassons tous les 5,
Valérie, Dominique, Théo, Albertine et Luc…
Rédigé par : famille groseille | 14 septembre 2009 à 23:20
Bienvenue au club. Et oui, la vie est difficile. On ne nous demande pas notre avis. Ayez confiance, Dieu seul suffit.
Jacques
Rédigé par : Jacques | 14 septembre 2009 à 21:33
Votre billet de ce jour me va droit au coeur. Cette solitude n'est pas l'apanage des personnes isolées. Bien qu'étant mariée, j'y ai déjà eu droit aussi. Même entourée, une personne peut en effet y être confrontée, parfois pire, parce que causée par l'indifférence de ceux qui, physiquement présents, sont absents.
Mais je crois ce que j'appelle "vide d'abandon" se transformera rapidement pour vous en "vide d'accueil", qui se remplira avec l'aide du Seigneur.
Je vous confierai tout spécialement à Lui!
Amitiés
Marie
Rédigé par : Crocki | 14 septembre 2009 à 18:10