BenoitXVI Rien à faire, malgré tous mes efforts et l'ouverture que je veux grande envers nos frères catholiques, il demeure un je ne sais quoi d'idolâtre dans cet attachement au « vicaire du Christ ». Je n’ai pas assisté –volontairement – aux diverses rencontres papales. Bernadette Sauvaget était notre représentante. J’étais pour ma part, entièrement dévoué à « mon » Calvin que Gallimard me réclame à grands cris. Lire Calvin tout en écoutant le pape à la télévision était quand même une expérience étonnante… d’actualité.

Très bonne émission de radio ce matin avec les amis catholiques et orthodoxes sur Radio Notre Dame, analyse fine, profonde et spirituelle du discours des Bernardins, mais la « grâce du visage du pape qui reflète celui du Christ » c’est, quand même, un peu difficile. Que ce pape soit un excellent théologien, doublé d’une affabilité de bon aloi, n’en fait pas un saint et encore moins le reflet du visage du Christ. J’hésite en écrivant cela, car rien ne me semble plus stupide que cette attitude « maugréeuse » des protestants envers toutes les formes du catholicisme. Ce pape opère un réel recentrement de la doctrine catholique, suivant par là l’évolution de toutes les traditions religieuses face à l’ultra modernité. Rien à dire sur la démarche. Le temps n’est plus à l’ouverture tous azimuts au risque de diluer sa propre identité. Nous devons le savoir et l’admettre, les temps de l’œcuménisme irénique et heureux sont derrière nous. Benoît XVI est soucieux de l’Unité de l’Eglise et de son enracinement dans la grande tradition catholique qui part du monachisme en passant par le Concile de Trente.

La question pour nous est bien celle de la différence protestante. Revenir aux conflits du XVI siècle n’a pourtant pas d’intérêt. Même si l’insistance réformée sur la christologie, l’Ecriture et la grâce seule demeurent une richesse inestimable. Comme le dit Jean Baubérot dans le numéro de Réforme à venir, au vu des coûts, la différence protestante est-elle bien raisonnable ? Petites communautés dispersées et débordées sur leur droite ou leur gauche, on ne sait, par la multitudes des mouvements évangéliques et pentecôtistes, les églises protestantes ne savent plus très bien à quel saint se vouer. Nous n’avons, je crois, pas encore trouvé la bonne attitude face au catholicisme de Benoît XVI. Inutile de s’opposer sur le fond à son discours sur la culture, ni à ses propos mesurés sur la laïcité. Nous sommes en accord profond et essentiel. Reste ce sentiment diffus de diverses formes de vénérations, le pape, Marie, la petite Bernadette… qui font obstacle à la « pureté de l’Evangile ». Et à une intelligibilité adulte de la foi, que, nous le croyons, les sociétés modernes espèrent. C’est peut-être, la forme, le décorum de ces célébrations, la tiare, les paroles en latin…qui « passent » le moins à cet égard. Mes amis orthodoxes et catholiques assurent qu’il s’agit là de prier avec son corps aussi et pas seulement de manière immatérielle. Vrai. Nous avons peut-être encore besoin les uns des autres, alors ?