Depuis plusieurs mois, la vie politique française est marquée par des prises de position relatives à un projet de loi gouvernemental sur le « mariage pour tous ». Le texte doit être soumis au parlement prochainement.
De nombreuses voix se sont fait entendre pour réclamer un débat approfondi sur le sujet. Les Français ne pouvaient pas se contenter pour toute argumentation d’un renvoi au programme présidentiel du candidat François HOLLANDE.
Il apparait vite que la volonté affichée de permettre au nom de l’égalité à tous les citoyens de se marier remet en cause la notion de mariage, de paternité, de maternité et de filiation sur laquelle repose actuellement, malgré des épreuves, des souffrances et des échecs la cohésion de la famille, de la société et une large partie des relations entre les personnes. Il ne s’agit pas d’une simple extension, mais, au moins dans les principes, d’un profond remodelage et d’un changement de sens.
Une telle transformation concerne tous les Français. Il est légitime, en respectant le jeu de la démocratie, de les appeler à s’exprimer, réfléchir, débattre et faire connaître leur sentiment.
Il est intéressant de constater que l’agitation des idées a révélé que la question traitée et les réponses apportées ne sont pas réductibles à un parti politique, à une philosophie, à une religion, voire même à une orientation sexuelle. Personne n’est parvenu à confisquer la réflexion, preuve que nous touchons au plus intime de la personne humaine, de la vie familiale et sociale. Quelles que soient les appartenances d’origine, les positions ne sont jamais unanimement pour ou contre le projet de loi.
Les membres de l’Eglise ont été invités à participer aux échanges. Ils le seront encore. Les évêques de France se sont exprimés. Les moyens modernes de communication permettent de prendre ou reprendre connaissance de leurs interventions. Ils ont expliqué pourquoi il leur apparaît impossible de fonder le couple, la famille, les relations et donc le mariage en niant la différence sexuelle objective et la complémentarité entre l’homme et la femme.
Les évêques ont appelé les membres de l’Eglise Catholique et toutes les personnes qui sont sensibles à leur analyse à se manifester. Il n’est pas rare que les Français s’adressent, de différentes manières, aux élus qui auront à voter une loi. Ils leur écrivent, les interpellent et se regroupent publiquement. Ces moyens sont à la disposition de tous, notamment dans la situation qui nous occupe.
Différentes associations rassemblées au sein d’un collectif appellent à une manifestation publique ce dimanche 13 janvier à Paris. Les fidèles laïcs catholiques n’ont besoin d’aucun mot d’ordre pour participer ou ne pas participer à une manifestation. Ils ont les moyens de juger, de décider et d’agir.
L’Eglise Catholique n’organise pas, en tant que telle, cette manifestation. Comment, cependant, ne pas encourager ceux de ses membres qui voient dans cette démarche une manière d’exprimer avec d’autres citoyens qui ne partagent peut-être pas la même foi ce qu’ils pensent et ce qu’ils désirent pour la reconnaissance sociale des couples et des familles dans notre pays ? Si la conscience éclairée invite à participer, bonne route !
Dans le même temps, il est important et indispensable de sauvegarder la dignité et le respect dû à toute personne. Une manifestation exprime. Elle ne saurait stigmatiser ou rejeter. Il est également nécessaire d’accepter loyalement que d’autres expriment une opinion contraire ou défendent la même, mais par d’autres moyens. Plus que de force, il s’agit pas de faire preuve de conviction, de témoigner déjà de la pertinence de ce que l’on défend et désire sauvegarder.
De toute façon, le débat continuera !
+ Jean-Paul JAEGER
Evêque d’Arras
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