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30 avril 2009

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annemarie


Je suis le disciple de celui qui était sans papiers par Mgr B. Ginoux
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Avec le Christ Ressuscité



En contemplant, le vendredi saint, Jésus sur la croix, en écoutant la lecture de la passion, en suivant le chemin du calvaire, comment ne pas avoir reconnu dans le visage du Christ tous les rejetés, les condamnés injustement, tous les abandonnés de notre société ?

Je pensais évidemment à tous ces millions d’êtres humains condamnés à mourir dès leur conception parce qu’ils ne sont pas « aux normes », parce qu’ils dérangent, parce que la société ne veut pas les accueillir. Je voyais l’immense cortège des enfants mourant faute de soins élémentaires, ceux que les criminels enrôlent comme soldats, tous ceux qui sont vendus à des adultes pour des divertissements odieux, ceux que l’injustice sociale condamne à survivre de méfaits.


Mais plus discrets encore étaient, en fond de passion du Christ, ces malades, ces vieillards, ces handicapés abandonnés parce qu’ils n’intéressent personne tandis que des législations veulent imposer leur disparition « douce » par l’euthanasie justifiée au nom de la compassion !

Et puis venaient encore toutes les victimes des guerres, des luttes pour le pouvoir, toutes ces personnes déplacées, qui n’existent pas devant les enjeux politiques et économiques.

C’est là, qu’au milieu de bien d’autres, une catégorie de ces « crucifiés » est apparue : On les désigne souvent comme des « sans ». Ils sont d’ailleurs des cents et des mille… sans papiers, sans travail, sans logement, sans avenir…

Je peux les rencontrer, les croiser dans la rue entre deux centres d’hébergement, ou à la porte d’un organisme caritatif. Mais la loi est formelle : l’article L.662.1 du code de l’entrée et du séjour des étrangers me dit que je ne dois pas m’en occuper… ne pas les « aider ».

Pourtant les paroles du Christ me revenaient avec force : « j’étais étranger et vous m’avez accueilli » Matthieu 26,35, « Ce que vous avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères c’est à moi que vous l’avez fait » Matthieu 26,40.

Dans l’étranger, l’Eglise voit le Christ qui frappe à notre porte


Et puis je relisais les nombreuses prises de position de l’Eglise depuis des années

« L’Eglise se sent le devoir d’être proche, comme le bon samaritain, du clandestin et du réfugié, icône contemporaine du voyageur dépouillé, roué de coups et abandonné sur le bord de la route » Jean Paul II et au n°101 de l’instruction Erga Migrantes Caritas Christi : « Dans les étrangers» l’Eglise voit le Christ qui « plante sa tente parmi nous » (Jean 1,14) et qui « frappe à notre porte » (Apocalypse 3,20).

Ces hommes, ces femmes, ces enfants sont là à nos côtés, discrets, silencieux. Ici à Montauban en particulier, une dizaine de familles : des parents, des enfants (scolarisés chez nous !) qui sont à tout moment expulsables… Il ne s’agit pas de savoir si ce sont de « bons » ou « mauvais » étrangers, des « sans » ou « avec » papiers, il s’agit de leur dignité, de leur légitime demande d’exister en tant que famille et de pouvoir vivre sans être à nouveau séparés, abîmés, rejetés.

Tous sont nos frères et nos sœurs. Humainement, nous ne pouvons pas rejeter des familles constituées, semblables à toutes les familles.

Chrétiennement, nous avons à nous demander « que fais-tu de ton frère ? » (cf. Genèse). Nous avons à nous rappeler, selon ce qu’écrit Benoît XVI dans son encyclique Dieu est Amour : « La charité chrétienne est avant tout simplement la réponse à ce qui, dans une situation déterminée, constitue la nécessité immédiate. » (n°31). Quand des familles vivent dans le dénuement, la peur et portent le poids d’un passé lourd d’épreuves, de deuils, comment resterions-nous muets, inactifs, indifférents !

Avec Saint Paul nous pouvons dire « L’amour du Christ ressuscité nous pousse » (2 corinthiens 5,14) et nous pousse vers eux pour leur tendre la main .Dans la joie de Pâques nous sommes passés de la mort à la vie, avec le Christ nous sommes ressuscités. Il est vivant pour tous les hommes. Nous en témoignerons en aidant les autres à vivre et à vivre debout. C’est pourquoi l’Eglise se fait proche du réfugié, du migrant, du clandestin …

Vivre Pâques dans nos vies c’est permettre à tout être humain de se relever, c’est le regarder comme celui que le Christ dans sa passion a rejoint pour le faire vivre en ressuscité.

C’est pourquoi, fidèle au Christ, fidèle à l’Eglise du Christ je suis et je serai toujours « aidant » envers toute personne humaine afin que sa dignité soit respectée. Tout chrétien, mais aussi tout citoyen, qui se réfère à la fraternité humaine ne peut que faire de même. Je suis le disciple de celui qui était « sans papiers ».


22/04/2009

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