Je me suis laissé dire que Benoît notre bon pape avait, en ce moment un sommeil agité. Pensez !
La semaine dernière, le nouveau président de l’épiscopat allemand, Mgr Robert Zollitsch, archevêque de Fribourg a rappelé « qu’il n’y avait pas d’interdiction de réfléchir à l’ordination d’hommes mariés ».
Dans une lettre adressée au pape suite à la 12e rencontre brésilienne des prêtres au monastère d'Itaci, près de Sao Paulo, ces prêtres ont proposé l'ordination d'hommes mariés et la réintégration des prêtres aujourd'hui mariés après avoir été dans l'obligation d'abandonner leur sacerdoce. Le document a été approuvé par 430 représentants de 18 685 prêtres de 9 222 paroisses de tout le pays.
Le cardinal Cormac Murphy O’Connor, archevêque de Westminster et primat catholique de Grande Bretagne, a dit en décembre au Financial Times : « Si vous me demandez s’il est possible que l’Eglise un jour puisse ordonner des hommes mariés, je dirai oui, c’est possible ».
De même le cardinal Roger Etchegaray, dans un entretien au Parisien, a confirmé que « la question pouvait être discutée »…
Je pense que ces petites interventions de par le monde ont de quoi être à l’origine de quelques cauchemars dans les alcôves vaticanes. Et pourtant, je suis sûr, qu’il en faut beaucoup plus pour que le Vatican soit ébranlé. Ce n’est pas parce que la barque tangue que le gouvernail s’affole…
Ouf ! Nous pouvons pour notre part dormir sur nos deux oreilles.
Merci de reposer la question et de cet apport de Léon. Je suis en formation avec un jeune prêtre italien qui nous a partagé sa difficulté: depuis le début de ses études en France, il dit avoir beaucoup changé (pour lui en bien) sa vision du ministère et de l'Eglise. Beaucoup des laïcs avec qui il travaille le trouvent plus vrai, plus authentique. Mais beaucoup de ses confrères prêtres lui disent aussi "La France pervertie ta vision du ministère et de l'Eglise..." Dois je en dire plus ?...
Depuis l'expérience pastorale que nous avons vécu à Bruay, et en regardant ce que je vis ici, dans l'Aube, je me pose encore beaucoup de questions aussi. Je crains que beaucoup de responsables pastoraux ( prêtre notamment ici dans l'agglomération troyenne)ne deviennent peu à peu des "techniciens" de la foi qui soient beaucoup plus dans le "faire tourner la boutique" pour un certains nombre de demandeurs que dans "l'être avec" à l'image du Christ.Le dicernement pastoral pour être au service de TOUS me semble parfois manquer tant on a la tête dans le guidon sur ce qu'il y a à faire...
Je crois aussi que nous gagnerions à prendre plus en compte les charismes des uns et des autres en dehors de toute notion de ministère qui est trop liée encore à une image hiérarchique...
L'autre jour, nous avions la relecture d'un événement avec un diacre "de paroisse" -car, ceci dit en passant,je ne sais pas ailleurs, mais dans l'Aube, il y a de plus en plus 2 sensibilités qui se dessinent dans le diaconat permanent: le diacre du "seuil" qui travaille, etc...dans l'esprit premier de Vatican II il me semble, et le diacre que je nomme personnellement "de paroisse" qui, souvent, est retraité, donne tout son temps à la paroisse, palliant ainsi au manque de prêtre ou à tout ce que le prêtre ne peut pas faire seul parce qu'il est débordé...- Bref, ce brave diacre parlait d'un geste symbolique qui, pour lui, semblait réservé au prêtre ou au diacre parce "qu'ils ont reçu le don de l'Esprit le jour de l'ordination ". J'ai eu envie de lui poser les questions suivantes: "Est ce que simple baptisé, le laïc aurait reçu moins d'Esprit Saint qu'un prêtre ou qu'un diacre? L'ordination presbytèrale et diaconale permettrait-elle de recevoir "une couche d'Esprit Saint en plus" ? L'Esprit Saint ne se donne-t-il pas en abondance à tous ceux qui le demandent? "
Je repense souvent à Michel qui disait " D'accord, je suis prêtre, mais je suis avant tout d'abord baptisé comme vous"
Tant que certains penseront que l'Esprit Saint est du côté d'une élite choisie, je ne suis pas sûre que notre message passe bien !
Rédigé par : Hélène Richard | 06 mars 2008 à 07:15
Oui, tremblement de terre qui restera de faible amplitude tant que nos leaders ecclésiastiques à l’esprit ouvert ne prendront pas l’initiative de débats ouverts et connus du public à l’intérieur de leurs conférences épiscopales et dans des demandes explicites et collectives faites à Rome de réétudier cette question du célibat obligatoire pour les prêtres.
Sinon, la planète « ministère presbytéral » ne sera plus bientôt dans l’espace sidéral ecclésial qu’un petit caillou satellisé qui prendra de moins en moins d’importance comme tel, étant remplacé par le nouveau satellite d’excellents agents pastoraux laïcs qui continueront d’exercer un « ministère quasi presbytéral » de qualité mais sans ordination, ce qui veut dire au service de communautés chrétiennes qui ne demandent qu’à vivre dans le dynamisme de Vatican 2, mais qui seront pratiquement privées du partage du pain et de la coupe, partage du corps livré et du sang versé du Christ maintenant ressuscité, qui, la veille de sa mort a demandé de refaire ces gestes de son dernier repas en mémorial de son OUI total au Père, afin que son engagement de service et d’amour devienne le nôtre, et que nous puissions reproduire chaque jour davantage son image comme serviteurs et servantes de nos frères et sœurs les humains dans le monde de ce temps.
Pas de vie chrétienne, et pas de communauté chrétienne réelle sans le partage eucharistique fréquent et régulier.
Ce qui ne veut pas dire que nos agents pastoraux actuels n’auraient plus toute leur place à côté de prêtres recrutés et formés autrement, bien au contraire, car le ministère de ces prêtres ne devrait plus être « la synthèse de tous les ministères » comme il est encore actuellement défini, et dont certains aspects sont de plus en plus réalisés par des laïcs supplétifs, mais « un ministère de synthèse » chargé de l’unité et de communion parmi d’autres ministères non ordonnés ou des missions et services d’église tous importants et nécessaires à la vie des communautés.
Le tremblement de terre que craignent nos hiérarques est celui d’une église vécue d’abord dans les communautés de base où des ministres ordonnés presbytéraux, mariés et célibataires consacrés, ne seraient plus des "clercs" dans une logique de "pouvoir", mais à la fois des animateurs de communautés synodales participatives où tous prennent part aux décisions, et des serviteurs de la communion entre toutes les communautés. Ministres du « faire église » à la base et ministre du « faire église entre communautés et églises locales ». Ce tremblement de terre-là mettrait fin au « fondamentalisme de l’autorité » qui sévit dans notre église catholique romaine depuis le 5ème siècle et qui est refus permanent d’une synodalité responsable à tous les niveaux.
C’est par crainte de ce second tremblement de terre qu’on néglige ou minimise en haut lieu les vibrations croissantes du premier que tu exposes bien dans ce texte de ton blog, mais qui ne sont encore que des signes prometteurs porteurs d’espérance.
Rédigé par : Léon | 26 février 2008 à 23:30